UFC QUE CHOISIR DE LA HAUTE VIENNE

Animaux de compagnie : de nouvelles règles au moment de l’adoption

Des mesures de lutte contre la maltraitance animale ont été détaillées dans un décret publié le 19 juillet au Journal officiel. Un « certificat d’engagement et de connaissance » devra ainsi être signé au moment de l’acquisition d’un animal de compagnie. L’objectif : limiter le nombre d’abandons, qui atteint des records, surtout pendant les vacances.

Chaque année, près de 100 000 animaux sont abandonnés en France, dont 60 000 l’été, selon la Fondation Brigitte Bardot. Et malgré les campagnes de sensibilisation à ce sujet, la tendance est à la hausse. L’été 2021 a été marqué par un nombre d’abandons record (16 894 animaux ont été recueillis du 1er mai au 31 août 2021 dans les seuls refuges de la SPA, une augmentation de 7 % par rapport à la même période en 2019) et d’ores et déjà, les refuges déplorent que la situation soit pire cette année, avec de nombreuses structures déjà saturées.

Pour limiter les achats impulsifs et prévenir les abandons, la loi visant à « lutter contre la maltraitance animale et à conforter le lien entre les animaux et les hommes », promulguée le 30 novembre 2021, a notamment créé un « certificat d’engagement et de connaissance » obligatoire pour les acquéreurs d’un animal de compagnie et pour les détenteurs d’équidés.

Le premier décret d’application de la loi est paru le 19 juillet (1). Il prévoit que ce certificat d’engagement, qui devra être signé par les acquéreurs (à titre onéreux ou gratuit) d’un animal à compter du 1er octobre 2022, comportera « une mention manuscrite par laquelle le nouvel acquéreur s’engage expressément à respecter les besoins de l’animal ».

Le document précisera « les besoins physiologiques, comportementaux et médicaux » de l’espèce, « en tenant compte de l’état des connaissances scientifiques », mais aussi les obligations relatives à l’identification de l’animal et les « implications financières et logistiques liées à la satisfaction des besoins physiologiques, comportementaux et médicaux de cette espèce tout au long de la vie de l’animal ».

Achats d’impulsion

Cela doit limiter les achats d’impulsion et les mauvaises surprises une fois l’animal arrivé à la maison. Pour rappel, il faut compter au minimum une trentaine d’euros de nourriture par mois pour un chat, et entre vingt et soixante euros pour un chien, en fonction de sa taille. Il est également important d’emmener régulièrement l’animal chez le vétérinaire.

Pour que ces informations soient accessibles au plus grand nombre d’acquéreurs potentiels, le décret prévoit que les annonces en ligne de cession d’animaux de compagnie devront elles aussi mentionner ces messages de sensibilisation et d’information. « Ces messages sont présentés de manière accessible, aisément lisible et sont clairement distinguables des offres qui les accompagnent », précise le texte.

Dans un communiqué, le ministère de l’Agriculture précise qu’à l’avenir, les annonces en ligne de cession d’animaux de compagnie devront se trouver dans une rubrique spécifique comportant ces messages et qu’elles « feront l’objet d’une vérification, notamment la validité de l’enregistrement de l’animal sur le fichier national d’identification, et comporteront la mention « annonce vérifiée » ».

D’autres décrets d’applications et arrêtés sont attendus dans les prochains mois pour la mise en œuvre de cette loi contre la maltraitance animale, qui prévoit entre autres la fin de la vente de chiots et chatons en animalerie en 2024 et des peines durcies pour sévices ou abandon.

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(1) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046056772

31 juillet 2022

Vélo cargo électrique : prise en main du Decathlon R500e

Decathlon vient de sortir son premier modèle de vélo cargo électrique, le R500e, un « longtail » – avec chargement à l’arrière – à un prix défiant toute concurrence : 2 800 €, contre 5 000 à 6 000 € chez les concurrents historiques. Nous l’avons pris en main.

Face au coût écologique et économique d’une voiture, le vélo cargo, électrique bien entendu, est une option qui se défend : l’engin peut transporter plusieurs personnes (enfants ou adultes), et supporte une belle charge de courses. Decathlon vient de faire une entrée fracassante sur le marché avec un modèle vendu 2 799 € (éligible aux aides), que nous avons pris en main pendant quelques jours. Il s’agit d’un longtail : la capacité supplémentaire de chargement se situe à l’arrière du vélo, grâce à un porte-bagage surdimensionné. Quatre barres de maintien en surplomb (aussi appelées « monkey bars ») sécurisent le transport des enfants et définissent le volume de courses ou de matériel transportable en hauteur et en largeur. L’espace peut aussi accueillir un ou plusieurs sièges bébé. En complément, des sacoches se fixent facilement si nécessaire sur les côtés du porte-bagage, et augmentent encore les possibilités de stockage. Au total, le R500e est en mesure de tracter 170 kg, poids du pilote compris. Un adulte de 80 kg peut donc emmener une autre personne de même stature, ou deux enfants de 40 kg et leurs affaires de classe ou quelques accessoires de plage. Lors de notre essai, une adulte de 57 kg a transporté sans effort un homme de 65 kg, puis une enfant de 45 kg.

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Les dimensions du vélo cargo de Decathlon.

Une béquille à apprivoiser

La béquille centrale joue un rôle essentiel de stabilisation, même à vide, car le vélo seul pèse 38 kg. Pas de surprise, elle fait le job. Même si lors de la prise en main, elle s’est dévissée suite à une séance sur les pavés de Ménilmontant (Paris). Le responsable du produit nous a assuré que désormais, du frein filet serait ajouté sur tous les vélos pour éviter tout desserrement. Solide, la béquille oblige en contrepartie à appliquer de la force pour la faire basculer : attention, avec du poids à l’arrière, le risque de déséquilibre et de chute est réel. Pour embarquer et débarquer en sécurité des enfants autonomes ou un adulte, le mieux est de s’asseoir sur le vélo, béquille levée, pieds de chaque côté pour limiter le tangage, et de laisser les passagers se hisser doucement en prenant appui sur le repose-pieds. Les enfants, plus souples, auront tendance à monter en se glissant sous les barres de protection. Avec des petits en siège bébé ou des courses, pas le choix : il faut faire jouer la béquille avec le chargement, au départ comme à l’arrivée. La prudence est de mise, d’autant que la roue arrière étant plus petite qu’à l’avant, une fois la béquille en place, l’une des roues reste en l’air : le vélo doit être fermement maintenu pour éviter tout accident.

Autre élément à prendre en compte, la barre centrale. Elle est assez haute, la franchir nécessite de bien lever la jambe, en veillant à ne pas assommer les passagers.

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Sur un vélo de ce poids, la béquille est un élément essentiel qu’il faut savoir manipuler.

D’abord un vélo électrique

Conduire le R500e n’exige pas beaucoup de pratique : s’il paraît à juste titre encombrant et lourd à l’arrêt, la sensation n’existe pas en roulant. Étonnamment, le gabarit ne requiert pas de précautions de pilotage particulières. Gare toutefois aux chicanes ou dispositifs anti-scooters qui jalonnent de plus en plus de voies vertes ou partagées !

L’affaire se complique quand il faut mettre pied à terre et manœuvrer la bête à bout de bras. Elle pèse un âne mort, et ne fait preuve d’aucune souplesse. Tout obstacle devient un problème. C’est d’ailleurs la raison qui fait de ce modèle une option discutable en milieu très urbanisé : il sera difficile à arrimer à un arceau dans la rue, ne s’adaptera pas aux solutions de stockage dans les gares, et prendra trop de place dans une cour ou dans un local à vélos. Ne parlons pas de lui faire franchir des marches, des bordures ou un hall d’immeuble ! Le milieu naturel de ce longtail est un foyer doté d’un espace de parking vaste et facilement accessible.

Sur la route, la dynamique est bonne, cohérente avec le couple de 58 Nm annoncé. Le moteur, bien que placé dans la roue arrière, délivre une assistance progressive bien dosée. À vide sur le plat, le 1er niveau d’assistance suffit. Le 2e s’impose avec un chargement, et le 3e permet, en plus, de gérer les côtes, sans aucune difficulté. Mieux vaut privilégier les routes bitumées : sur pavés, a fortiori sur chemins cabossés, le vélo, dénué de suspensions, est très raide. Ça secoue !

Un bouton sur la poignée gauche du guidon facilite grandement le démarrage, surtout avec charge : un simple appui maintenu fournit le coup de pouce nécessaire pour gérer sans risque le moment délicat où après avoir commencé à pédaler, la vitesse n’est pas suffisante pour garantir l’équilibre du vélo.

Du côté de la batterie, qui affiche 672 Wh (48 V 14 aH), le fabricant garantit entre 50 et 90 km d’autonomie. Elle dépendra en réalité fortement de l’usage du vélo : à plein et en côtes, elle sera nécessairement plus faible qu’à vide sur le plat. Pour l’optimiser, l’idéal est d’ajuster au mieux le niveau d’assistance à vos besoins, et d’utiliser les 8 vitesses (ici un système à gâchettes) pour épargner le moteur. N’ayant pas envoyé le vélo en laboratoire, nous ne pouvons nous prononcer davantage sur ce point. Une charge complète prend, selon la marque, 4 h 40, c’est plutôt raisonnable.

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La console permet, entre autres, de changer le niveau d’assistance.

Sécurité et équipements

Le cargo Decathlon est équipé de freins à disque hydrauliques de très bonne tenue, efficaces en toutes circonstances. Un antivol de cadre sécurise la roue arrière, et constitue un complément idéal à l’antivol solide qu’il faudra impérativement, en plus, acheter pour attacher le vélo. Il vient s’insérer dans la jupe qui couvre les rayons de la roue arrière afin d’éviter que les passagers ne s’y coincent les pieds.

Pour profiter à plein de ce vélo cargo, un investissement supplémentaire sera incontournable pour équiper le porte-bagage de coussins ou de sacoches. Seuls les barres de maintien, à l’arrière, et le panier, à l’avant, sont fournis. Ce dernier n’est pas très pratique, car il est de faible hauteur et ouvert sur les côtés : les sauts ou fuites intempestives d’objets sont à prévoir ! Pour entreposer des marchandises à l’arrière, Decathlon ne commercialise rien d’adapté, mais un organiseur de coffre, une caisse en toile ou faite maison conviendront.

Avec ce modèle, Decathlon met à portée de budget, et sur l’ensemble du territoire, un cargo électrique qui, sous certaines conditions, peut remplacer une auto. Jusqu’alors, ce type d’équipement se situait plutôt autour de 4 000 à 5 000 €, chez des marques comme Tern ou Yuba.

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Le porte-bagage peut accueillir un siège bébé ou des sacoches.
31 juillet 2022

Médicaments : ceux qui favorisent la déshydratation

Lors des épisodes de canicule, on songe à fermer ses volets et à remplir son verre d’eau. Mais qui pense à regarder de près ses boîtes de médicaments en cours ? C’est pourtant recommandé car de nombreux traitements participent à une déshydratation.

La déshydratation est liée à des pertes en eau et en sels minéraux qui ne sont pas compensées par la consom­mation d’eau et l’alimentation. De nombreux médicaments contribuent à ce déséquilibre hydrosodé en augmentant ces pertes (par l’urine ou des diarrhées), en entraînant un dysfonctionnement des reins, par une hyperthermie ou encore par une sudation excessive. Ce phénomène de déshydratation menace particulièrement les jeunes enfants et les personnes âgées. En période de fortes chaleurs, une diminution des doses de ces médicaments, voire un arrêt transitoire ou définitif, peuvent être discutés avec son médecin traitant en complément des autres mesures de prévention.

La liste ci-dessous présente les médicaments les plus couramment impliqués mais elle n’est pas exhaustive. D’autres classes de médicaments peuvent majorer les effets des grandes chaleurs comme certains traitements contre la migraine, contre la maladie de Parkinson, contre le glaucome ou prescrits en cardiologie (bêta-bloquants, digoxine), etc. Consultez la notice.

Ils augmentent les pertes en eau et en sels minéraux

Les diurétiques (en augmentant la production d’urine)

  • Amiloride (Modamide)
  • Bumétanide (Burinex)
  • Furosémide (Lasilix)
  • Hydrochlorothiazide (Esidrex et dans de nombreux antihypertenseurs)
  • Indapamide (Fludex)
  • Spironolactone (Aldactone)

Les laxatifs (en exposant à des diarrhées)

  • Bisacodyl (Dulcolax)
  • Lactulose (Duphalac)
  • Macrogol (Forlax, Transipeg)
  • Séné (Agiolax, Modane)

Les antibiotiques (en exposant à des diarrhées)

  • Amoxicilline (Clamoxyl, Augmentin)
  • Azithromycine (Zithromax)
  • Ciprofloxacine (Ciflox)
  • Doxycycline (Tolexine)

 

Ils altèrent la fonction rénale

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens

  • Acide acétylsalicylique (Aspirine)
  • Diclofénac (Flector, Voltarène)
  • Ibuprofène (Advil, Antarène, Nurofen, Spedifen)
  • Kétoprofène (Bi-Profénid)
  • Naproxène (Antalnox, Apranax)
  • Piroxicam (Feldene)

Les IEC, donnés contre l’hypertension

  • Captopril (Lopril)
  • Énalapril (Renitec)
  • Fosinopril (marques génériques)
  • Lisinopril (Zestril)
  • Périndopril (Coversyl)
  • Ramipril (Triatec)

Les sartans, donnés contre l’hypertension

  • Candésartan (Atacand)
  • Irbésartan (Aprovel)
  • Losartan (Cozaar)
  • Olmésartan (Olmetec)
  • Valsartan (Nisis,Tareg)

 

Ils exposent à l’hyperthermie

Les hormones thyroïdiennes

  • Lévothyroxine (Levothyrox, L-Thyroxin Henning, Thyrofix, TCaps, Euthyral)
  • Liothyronine (Cynomel)

Les neuroleptiques, prescrits en psychiatrie

  • Aripiprazole (Abilify)
  • Clozapine (Leponex)
  • Cyamémazine (Tercian)
  • Halopéridol (Haldol)
  • Loxapine (Loxapac)
  • Olanzapine (Zyprexa)
  • Quétiapine (Xeroquel)
  • Rispéridone (Risperdal)

Les antidépresseurs

  • Citalopram (Seropram)
  • Duloxétine (Cymbalta)
  • Fluvoxamine (Floxyfral)
  • Milnacipran (Ixel)
  • Moclobémide (Moclamine)
  • Sertraline (Zoloft)
  • Venlafaxine (Effexor)

 

Ils augmentent la sudation

Des médicaments prescrits dans les démences et la myasthénie

  • Ambénonium (Mytelase)
  • Donépézil (Aricept)
  • Galantamine (marques génériques)
  • Mémantine (Ebixa)
  • Pyridostigmine (Mestinon)
  • Rivastigmine (Exelon)

 

Cette liste n’est pas exhaustive.

31 juillet 2022

Billet de notre Président national : Uber Files, une énième démonstration du poids des lobbies industriels

L’enquête Uber Files lève le voile sur le lobbying incisif mené par la plateforme américaine entre 2013 et 2017 pour entériner son modèle économique dans l’Hexagone. Ce dernier repose fondamentalement sur la mise en relation de consommateurs avec des chauffeurs VTC à la formation largement allégée.

Dans ce cadre, il est reproché à l’actuel Président de la République son implication dans le détricotage des conditions d’accès à la profession de chauffeur VTC. Les documents confidentiels révélés suggèrent que la fermeture par la plateforme de son service de taxis clandestins dit « UberPop » aurait été la contrepartie d’un arrêté interministériel laxiste pris en 2016. En effet, ce dernier a réduit le nombre d’heures de formation nécessaire pour exercer le métier de chauffeur VTC à 7, contre 250 initialement, ce qui a permis à Uber de développer très rapidement son business.

Là où le bât blesse, c’est que cette facilitation de l’accès au métier de chauffeur dont bénéficie Uber n’est pas allée de pair avec les exigences nécessaires quant à la responsabilisation des plateformes de VTC vis-à-vis de leurs clients. Pourtant, ces exigences auraient été particulièrement justifiées, puisque compter sur l’auto-responsabilisation des professionnels constitue bien souvent un vœu pieux. Preuve en est : à la suite d’une procédure juridique de longue haleine, l’UFC-Que Choisir a fait condamner Uber en raison de clauses abusives par lesquelles l’entreprise tentait d’échapper à sa responsabilité en cas d’accident ou de dysfonctionnement du service.

Il n’est donc pas tolérable que les autorités publiques participent par leur laxisme à établir un climat de déresponsabilisation des professionnels, a fortiori lorsque les enjeux en termes de sécurité sont loin de n’être que théoriques. En 2019, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales et du CGEDD mettait ainsi en exergue la sur-sinistralité des VTC en matière d’accidents de la route, tout en déplorant l’inadaptation des systèmes d’observation actuels et l’absence d’obligation légale pour les plateformes de fournir leurs données d’accidentologie aux pouvoirs publics.

Cette absence de transparence ne concerne d’ailleurs pas uniquement les accidents si on se fie aux dénonciations de violences sexuelles qui se sont multipliées sous le #UberCestOver sur les réseaux sociaux. Si Uber dit s’être emparé du problème, faute d’un encadrement suffisant, l’entreprise n’a aujourd’hui aucune obligation de transparence sur l’ampleur de ces phénomènes en France.

Je tire donc une double leçon de cette séquence des Uber Files. La première est qu’elle doit provoquer une prise de conscience sur les modes de fonctionnement de certains lobbies et leur poids dans la décision publique. Si les lobbies transparents concourent au bon fonctionnement de la démocratie, les lobbies privés agissant dans l’ombre sont particulièrement pernicieux, puisqu’ils ne permettent pas que leurs argumentaires soient débattus, voire contestés, publiquement. La seconde est qu’il serait bon que les pouvoirs publics cessent de considérer que le développement des innovations technologiques doit se faire au pas de charge, en sacrifiant l’élaboration d’un cadre réglementaire permettant d’éviter aux consommateurs… d’aller dans le mur.

Alain Bazot

Président de l’UFC – Que Choisir

31 juillet 2022

Pouvoir d’achat : décryptage des mesures prévues dans le projet de loi

Le projet de loi « portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat », voté en première lecture à l’Assemblée, comporte une vingtaine d’articles axés sur la « protection du niveau de vie des Français », « la protection du consommateur » et « la souveraineté énergétique ». Décryptage.

Après plusieurs jours de débats souvent houleux, les députés ont adopté en première lecture, dans la nuit du 21 au 22 juillet, le projet de loi visant à atténuer les effets de l’inflation et de la crise énergétique sur le portefeuille des Français.

Il comporte une vingtaine d’articles, répartis en quatre « titres » aux objectifs différents. Le « Titre I » ambitionne de protéger le niveau de vie des Français et comporte six articles, dont cinq concernent les revenus.

  • L’article 1er concerne la « prime de partage de la valeur » (PPV) que les entreprises peuvent verser à leurs employés : cette « prime Macron » rénovée voit son plafond passer à 3 000 € (6 000 € dans certains cas).
  • L’article 2 a pour objet de baisser les cotisations sociales de certains travailleurs indépendants.
  • L’article 3 veut faciliter la mise en place d’accords d’intéressement dans les entreprises de moins de 50 salariés.
  • L’article 4 précise que la capacité d’une branche à assurer des rémunérations a minima au niveau du Smic est désormais l’un des critères à prendre en compte pour restructurer la branche.
  • L’article 5 prévoit une augmentation de 4 % des pensions de retraite et de plusieurs allocations avec effet rétroactif au 1er juillet 2022, sans attendre la date de revalorisation automatique annuelle.
  • Enfin, l’article 6 augmente les APL de 3,5 %, et plafonne l’indice de référence des loyers à 3,5 % pendant 1 an : cette dernière mesure est la seule du Titre I qui concerne les prix. L’UFC-Que Choisir réclamait un plafonnement de cet indice à 1 %, dans la mesure où les locataires – qui ont en moyenne des revenus plus faibles que les propriétaires bailleurs – sont ceux qui subissent le plus l’inflation.

Des résiliations simplifiées

Le Titre II, qui a pour objet la protection des consommateurs, comporte trois articles.

  • L’article 7 met en place un dispositif consistant à obliger le professionnel qui offre aux consommateurs la possibilité de souscrire un contrat par voie électronique de prévoir une résiliation de ce contrat selon cette même modalité. Cette mesure dite de « résiliation en 3 clics », qui concernera les contrats du quotidien, tels que les abonnements à des magazines, au gaz, à l’électricité, à la téléphonie ou à Internet, devrait s’appliquer à partir de début 2023.
  • L’article 8 prévoit que les contrats d’assurances souscrits par voie électronique pourront être résiliés de la même façon, et l’article 8 bis étend le délai de résiliation d’un contrat d’assurance affinitaire de 14 à 30 jours.
  • L’article 9 augmente les peines de prison encourues en cas de commission d’une pratique commerciale trompeuse, d’une pratique commerciale agressive ou d’une tromperie.
  • L’article 9 bis instaure des sanctions pour les établissements bancaires ne remboursant pas les consommateurs victimes de fraude au plus tard à la fin du premier jour ouvrable après avoir été notifié de la transaction frauduleuse.
  • L’article 9 bis A instaure une obligation de remboursement des doublons de frais de rejet de prélèvement. Cette mesure était demandée de longue date par l’UFC-Que Choisir : jusqu’à présent, ces doublons grèvent indûment le pouvoir d’achat des consommateurs de 400 millions d’euros par an.

Le Titre III comporte 10 articles visant à renforcer la sécurité d’approvisionnement en gaz et en électricité (constitution de stocks de gaz, pilotage de la production des centrales, installation de terminaux méthaniers, etc.).

Enfin, le Titre IV est composé d’un article unique (article 20) qui élargit la capacité des transporteurs routiers à répercuter sur les clients la hausse des prix des carburants pour les contrats déjà signés.

Les débats continuent au Sénat et à l’Assemblée

Voté par les députés, le texte va être examiné au Sénat à partir du jeudi 28 juillet. D’ores et déjà, les sénateurs de la commission des affaires sociales ont adopté une série d’amendements. Ils prévoient notamment d’offrir aux salariés la possibilité de débloquer par anticipation les sommes placées au titre de l’épargne salariale. Ils pourraient en faire la demande jusqu’au 31 décembre 2022, dans une limite de 10 000 €, et à l’exclusion des plans d’épargne retraite collectifs (Perco).

Les sénateurs ont également retravaillé la « prime de partage de la valeur », qu’ils souhaitent rebaptiser « prime de pouvoir d’achat ». Un amendement prévoit la limitation à quatre versements de son fractionnement, pour éviter qu’elle ne remplace les augmentations de salaire ; et un autre veut limiter son caractère pérenne – après 2024 – aux seules entreprises de moins de cinquante salariés.

Les sénateurs demandent aussi au gouvernement de prendre un décret afin que le montant des bourses nationales d’enseignement du second degré (dont le montant est fixé au 1er janvier sur la base des allocations familiales) prenne en compte la revalorisation de 4 % au 1er juillet des prestations sociales. Ils souhaitent également rendre possible l’achat, avec des titres-restaurants, de tout produit alimentaire, qu’il soit ou non directement consommable.

En attendant le retour à l’Assemblée nationale du projet de loi sur le pouvoir d’achat, après le vote des sénateurs, les députés ont débattu du projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2022, adopté dans la nuit du 26 au 27 juillet. Entre autres mesures, il modifie le financement de l’audiovisuel public, en supprimant la redevance audiovisuelle ; prévoit une hausse du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires pour 2022, qui passerait de 5 000 à 7 500 € ; et donne aux entreprises la possibilité de racheter aux salariés les jours de RTT auxquels ils auraient renoncé. Il prévoit aussi une ristourne de 30 centimes d’euro par litre de carburant. Lundi, un soutien à hauteur de 230 millions d’euros pour les foyers se chauffant au fioul a aussi été voté par l’opposition, contre l’avis du gouvernement qui souhaitait limiter cette aide à 50 millions d’euros.

Ces deux textes liés au pouvoir d’achat, le projet de loi et le PLFR, devraient être définitivement adoptés avant la fin de la session parlementaire, prévue le 7 août.

31 juillet 2022

Curcuma : des effets indésirables sur le foie

La consommation de compléments alimentaires à base de curcuma peut provoquer des effets indésirables, alerte l’Agence de l’alimentation. Attention en particulier aux compléments qui sont modifiés pour augmenter l’absorption de la curcumine.

Quinze cas d’hépatites en France et une vingtaine en Italie ont été signalés à la suite de la prise de compléments alimentaires à base de curcuma. Cette plante, dont la racine broyée donne une poudre jaune d’or, est d’usage culinaire (c’est une base du curry) et médicinal, en particulier dans la tradition indienne. En France, elle est assez peu consommée en cuisine : environ 27 mg par jour. Une quantité bien en deçà de la dose journalière admissible de 180 mg pour un adulte de 60 kg. Mais elle est de plus en plus consommée sous forme de compléments alimentaires qui, eux, peuvent apporter des doses excédant cette limite. Doté de propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes et digestives, le curcuma, et sa principale substance active la curcumine, est en effet paré de nombreuses vertu santé supposées ‒ il soulagerait les articulations et même préviendrait, aux dires de certains de ses promoteurs, les cancers. Même si aucune allégation en ce sens n’est autorisée, la consommation de gélules de curcuma témoigne d’un engouement pour cette plante.

L’Agence nationale de sécurité de l’alimentation (Anses) ayant reçu une centaine de signalements d’effets indésirables liés à la prise de tels produits, elle s’est autosaisie. Après analyse, elle a publié une alerte à l’adresse des consommateurs les informant de risques d’effets indésirables. Les plus fréquemment rapportés sont des signes généraux (maux de tête, vertiges) ou digestifs (diarrhées, nausées). Des atteintes hépatiques (du foie) ont fait l’objet d’une attention particulière en raison de leur possible gravité et de la vraisemblance de la responsabilité du curcuma dans leur survenue – à rebours, donc, de sa réputation de protecteur du foie. Ces risques semblent concerner plus particulièrement les formes dites « modifiées » de curcuma.

Attention aux ajouts

On trouve en effet le curcuma sous deux formes dans les compléments alimentaires. La première est une forme simple, de la poudre de racine parfois enrichie de curcumine. Sous cette forme, la curcumine est très peu assimilée par le corps : elle est peu biodisponible. Elle passe très peu dans le sang et est vite éliminée, principalement dans les selles. Les fabricants de compléments alimentaires ajoutent donc des composants, le plus souvent un constituant du poivre noir appelé pipérine, pour augmenter la quantité de curcumine absorbée. En augmentant ainsi sa biodisponibilité, on augmente cependant aussi la possible toxicité. C’est pourquoi ces compléments modifiés semblent plus particulièrement poser problème.

L’ennui, c’est que l’étiquetage est souvent peu disert sur ces éventuels ajouts et leur conséquence. Il peut s’agir de pipérine mais aussi d’huile essentielle de curcuma voire de procédés plus complexes tels que le recours à des nanoparticules ou à l’encapsulation dans des grosses molécules (cyclodextrines). Or, avec de telles formulations, la biodisponibilité est de 4 à 185 fois supérieure à celle de la curcumine sous forme simple. Fâcheux en lui-même, le manque d’information ne permet donc pas de connaître exactement la quantité absorbée et donc empêche de définir des doses de sécurité. L’Anses exhorte les fabricants à plus de précisions.

À éviter

Le curcuma stimule la production de bile, au niveau de la vésicule biliaire, elle-même connectée au foie. L’Anses déconseille donc la consommation de compléments alimentaires à base de curcuma aux personnes souffrant de pathologies du foie ou des voies biliaires. Autres populations à risque accru et pour qui la consommation de compléments est déconseillée : les personnes suivant un traitement anticoagulant, anticancéreux ou immunosuppresseur. Des interactions sont possibles avec un risque de perte d’efficacité ou d’accroissement de toxicité de ces médicaments.

Des épices contaminées

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Au rayon épicerie non plus, les nouvelles ne sont pas très bonnes pour le curcuma. Nos confrères allemands d’Öko-Test ont analysé 21 références de curcuma destiné à agrémenter les plats, vendues en flacon ou en sachet (1). Leur conclusion est sévère : ils ont détecté dans toutes, sauf une, la présence d’huiles minérales. Ces composés sont des dérivés d’hydrocarbures, tels les Mosh ou les Moah, dont certains sont génotoxiques et mutagènes. Ils contaminent les denrées alimentaires par migration depuis les emballages : au contact des encres, du carton, du papier (recyclé en particulier) ou, dans ce cas précis, peut-être des sacs de jute. L’exposition à ces huiles minérales est « préoccupante » selon l’Agence européenne de l’alimentation. Les teneurs détectées dans le curcuma sont telles que, pour 18 poudres de curcuma sur 21, Öko-Test juge la qualité insuffisante pour être consommée. Les marques testées ne sont pas disponibles en France, mais on ne peut exclure que des contaminations similaires existent dans les produits vendus en France.

(1) Article disponible (en allemand) sur https://www.oekotest.de/essen-trinken/Kurkuma-im-Test-18-Gewuerze-enttaeuschen-mit-schlechten-Gesamturteilen_12852_1.html

31 juillet 2022

Amazon Prime : augmentation record

Quelques jours après sa grande opération de « ventes flash exceptionnelles » destinées à faire des économies (Prime Day), Amazon annonce une augmentation drastique du tarif de son service Amazon Prime qui passera en septembre de 49 € à 69,90 €, soit une hausse de plus de 40 %. Comme ses concurrents (Netflix, Disney +…), Amazon a attiré des millions de clients avec un tarif plancher avant de l’augmenter.

Il faut bien le reconnaître, la particularité du service Amazon Prime a longtemps été son prix bas : 5,99 € par mois ou 49 € pour l’abonnement annuel. Un tarif qui permet d’accéder à la livraison gratuite de certains produits sur Amazon, à la plateforme de vidéo Prime Vidéo, à de la musique avec Amazon Music Prime, etc. Et pour justifier l’augmentation de ses tarifs au 15 septembre (6,99 € au mois et 69,90 € à l’année), Amazon met justement en avant la diversification des services proposés (vidéo, musique, jeu, retransmission d’événements sportifs comme Roland Garros) et la profondeur de ses catalogues.

  • Abonnement mensuel : de 5,99 € à 6,99 € soit une hausse de 16,69 %
  • Abonnement annuel : de 49 € à 69,90 € soit une hausse de 42,65 %

​​​​​​Mais la stratégie tarifaire d’Amazon est exactement la même que celle d’autres plateformes de vidéo à la demande sur abonnement (SVOD). Le mastodonte américain a pu engranger des millions d’abonnés avec des prix bas avant de les augmenter de façon substantielle. Ainsi Netflix a lancé son abonnement en 2014 à 11,99 € (formule 4 écrans) pour le passer à 17,99 € en 2021 (soit +50 %). Disney + a augmenté ses tarifs de 28 % en 2021, à peine 1 an après son lancement.

Alors que le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation principale des consommateurs et que l’inflation atteint des sommets, une entreprise surpuissante peut se permettre d’annoncer une augmentation de tarif de plus de 40 % en plein milieu de l’été.

Une résiliation facilitée à Amazon Prime

Grâce à l’action lancée par l’UFC-Que Choisir en lien avec le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), Amazon s’est engagé dès ce mois de juillet à faciliter les modalités de désabonnement au service Amazon Prime. Alors que le parcours de résiliation était semé d’embûches, il est désormais possible de se désabonner simplement.
Il suffit de se rendre dans « Votre compte », de cliquer sur « Prime », de cliquer sur le bouton « Gérer abonnement » et de mettre fin à l’abonnement.

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31 juillet 2022

Taxe foncière 2022 : attention à la hausse

Avis aux propriétaires ! La taxe foncière va encore augmenter cette année, du fait de l’inflation et de la hausse des taux d’imposition décidée par les collectivités locales. Pour certains, l’addition va flamber de 10 % à 15 % par rapport à 2021, voire plus.

Si la suppression de la taxe d’habitation est désormais actée, la taxe foncière, elle, ne va pas disparaître. Selon les données de la Direction générale des collectivités locales (DGCL), elle coûte de plus en plus cher aux contribuables. Entre 2010 et 2020, ses recettes ont progressé de 50 %, passant de 23,5 à 35,3 milliards d’euros. Certes, l’augmentation du nombre de constructions explique en partie ces 11,8 milliards de plus. Mais pas seulement ! Les bases d’imposition de la taxe foncière ont aussi été revalorisées de 14,2 % en 10 ans, et les taux d’imposition votés par les collectivités de 15,5 %. En 2021, la hausse a été contenue car les bases d’imposition n’ont évolué que de 0,2 % et les élus locaux ont joué la prudence en période pré-électorale. Mais cette année, les choses vont changer !

+3,4 % pour les valeurs locatives

La taxe foncière est calculée sur la base de la valeur locative cadastrale de vos biens immobiliers, réduite d’un abattement de 50 %. Cette base d’imposition est revalorisée chaque année par application d’un coefficient forfaitaire établi en fonction de l’évolution sur 1 an de l’indice des prix à la consommation. En clair, plus l’inflation augmente, plus le coefficient de revalorisation est important. Or les prix ont progressé de 3,4 % entre novembre 2020 et novembre 2021, entraînant une hausse équivalente des valeurs locatives au 1er janvier 2022. Cette revalorisation des bases d’imposition, applicable au niveau national, va mécaniquement entraîner une hausse équivalente de votre taxe foncière. Par exemple, si la valeur locative de votre maison après abattement était fixée à 3 000 € en 2021, elle va passer à 3 102 € cette année. Si votre taux global d’imposition (part communale + part intercommunale + taxes annexes) est fixé à 38 % en 2022 comme en 2021, vous payerez 1 179 € cette année contre 1 140 € l’année dernière. Soit une hausse de votre taxe foncière de 3,4 %.

Rappelons que vous devez payer la taxe foncière sur les propriétés bâties si vous êtes propriétaire de votre résidence principale, d’une résidence secondaire, d’un logement donné en location ou laissé vacant. Vous êtes toutefois exonéré de celle due sur votre résidence principale si vous bénéficiez de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), de l’allocation supplémentaire d’invalidité (Asi) ou de l’allocation adulte handicapé (AAH). Les plus de 75 ans aux ressources très modestes bénéficient aussi d’une exonération de taxe foncière sur leur résidence principale et sur leur résidence secondaire. Par ailleurs, quelle que soit votre situation, vous en êtes totalement ou partiellement exonéré pendant 2 ans lorsque vous faites construire.

Des hausses de taux dans de nombreuses communes

La note à payer en novembre prochain (obligatoirement par prélèvement ou par Internet si elle dépasse 300 €, sous peine de majoration) sera encore plus salée si vous êtes propriétaire dans une commune qui a relevé ses taux d’imposition. Et elles sont nombreuses à avoir pris cette décision pour faire face à l’inflation et à la suppression de la taxe d’habitation. Selon une étude du cabinet FSL, spécialiste des finances locales, les taux vont augmenter en moyenne de 1,4 % dans les villes moyennes (+ 40 000 habitants) cette année, et de 1,9 % dans les grandes villes (+ de 100 000 habitants). Mais localement, la hausse des taux va dépasser les 10 % : +18,8 % à Mantes-la-Jolie (78), +15 % à Bagnolet (93), +14,2 % à Martigues (13), +13,1 % à Marseille (13), etc.

Cumulées à la revalorisation des valeurs locatives, ces hausses vont entraîner une très forte augmentation de la taxe foncière pour les contribuables concernés. Imaginons que vous habitiez Nantes (44), commune qui a voté une hausse de 7,8 % de ces taux d’imposition, et que la valeur locative imposable de votre maison soit de 3 000 €. Entre la revalorisation des valeurs locatives (+3,4 %) et des taux d’imposition (+7,8 %), votre taxe foncière va bondir de 11,4 %. Vous payerez 1 636 € en fin d’année, contre 1 468 € en 2021. Et si votre bien est situé à Marseille (+13,1 %), la hausse sera supérieure à 15 % !

Vers une révision générale des valeurs locatives

À partir de 2026, de nouvelles règles s’appliqueront pour calculer la valeur locative des locaux d’habitation, dont l’évaluation actuelle date des années 1970. Les logements seront classés en 4 sous-groupes (maisons individuelles, appartements, dépendances isolées, locaux exceptionnels) et ils seront évalués selon une méthode tarifaire, et non par comparaison avec des locaux de référence comme aujourd’hui. Un tarif au mètre carré sera établi pour chaque catégorie de logement et pour chaque secteur géographique, à partir des loyers pratiqués en 2023. La réforme entraînera à coup sûr une augmentation des valeurs locatives pour de nombreux propriétaires. Maigre consolation, certains bénéficieront d’un coefficient de neutralisation pour éviter que leur taxe foncière explose. À suivre.

31 juillet 2022

Épargne-retraite : et si vous étiez bénéficiaire d’un contrat ?

La lutte contre la déshérence des contrats de retraite supplémentaire a fait l’objet d’une loi adoptée il y a un plus d’un an. Ses premiers effets concrets se font jour depuis début juillet via la plateforme Info-retraite.fr. Explications et mode d’emploi.

C’est un manque à gagner certain pour les retraités ou les futurs retraités qui ignorent être bénéficiaires d’un contrat épargne retraite d’entreprise (Perco ou contrat dit article 83) souscrit à leur profit il y a longtemps par un employeur quitté depuis, ou même bénéficiaires d’un contrat d’épargne retraite individuel dont ils ont oublié l’existence (Perp, contrat Madelin pour les indépendants…). C’est une « déshérence » chiffrée en mai 2018 par l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) à plus de 10 milliards d’euros passé 62 ans et à plus de 5 milliards d’euros passé 65 ans… Et c’est un sujet sur lequel Que Choisir a alerté le public il y a 2 ans, juste avant le vote de la loi relative à la déshérence des contrats de retraite supplémentaire.

Une information qui passe par le compte retraite de chacun

Pourquoi en parler aujourd’hui ? Tout simplement parce que les premiers effets de cette loi se font jour au travers des comptes retraite sécurisés que tout un chacun peut se créer – ce qu’il a intérêt à faire, qu’il soit ou non déjà retraité, sur le site officiel Info-retraite.fr, afin de prendre connaissance de ses droits retraite (trimestres et points) dans la quasi-totalité des régimes obligatoires ou, une fois retraité, de connaître avec précision les dates de versement de ses pensions et son taux de prélèvement à la source. Concrètement, un onglet supplémentaire « Mes contrats d’épargne retraite » a été ajouté. Le cas échéant, les produits d’épargne retraite non encore dénoués s’affichent, ce qui permet d’en prendre connaissance. Il en va de même pour les coordonnées de chaque organisme de gestion, afin que chaque bénéficiaire puisse le contacter facilement.

Un travail d’intégration en cours de finalisation

Cette « cohabitation » en une seule et même interface des droits retraite issus des régimes obligatoires et de ceux issus de contrats individuels ou d’entreprise par capitalisation n’est toutefois pas encore exhaustive. Pour le moment, plus de 10 millions de contrats ont été identifiés et reportés au sein des comptes retraite des potentiels bénéficiaires. Ce travail d’intégration devrait s’achever en septembre prochain. C’est pourquoi le groupement d’intérêt public en charge du portail Info-retraite.fr précise qu’il est « possible que l’information n’ait pas encore été transmise ou que le bénéficiaire n’ait pas été identifié. Il faudra donc revenir consulter son compte retraite ultérieurement. » Une campagne d’information du grand public devrait par ailleurs avoir lieu à la rentrée.

27 juillet 2022

Cryothérapie : une pratique litigieuse mieux encadrée

Selon un récent arrêt de la Cour de cassation, la technique qui consiste à exposer des personnes à un froid intense ne peut être utilisée que par les médecins et kinésithérapeutes.

Des instituts de beauté, des salles de sport, des boutiques uniquement dédiées à cette pratique : la cryothérapie est proposée dans des structures d’une grande diversité. En exposant les clients à un froid extrême (jusqu’à moins 200 °C), elles promettent aussi bien de leur faire perdre du poids que d’améliorer leur sommeil ou leur grain de peau. Parfois, elles vont plus loin en prétendant pouvoir combattre les douleurs dues à l’arthrose ou à la sclérose en plaques. Or, il n’existe aucune preuve de ces multiples effets bénéfiques, bien que les professionnels invoquent un prétendu consensus scientifique à ce sujet. En 2016, la Food and Drug ­Administration (l’agence sanitaire américaine) concluait que « les preuves de la sécurité et de l’efficacité de la cryothérapie corps entier sur les maladies qu’elle est censée soulager sont très minces. Que se passe-t-il vraiment dans l’organisme [pendant une séance] ? Nous n’en savons tout simplement rien. » Plus récemment, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale se montrait, lui aussi, très dubitatif.

Blessures volontaires et exercice illégal de la médecine

Pire, cette technique n’est pas dénuée de risques. Un client d’un institut de beauté ayant subi des effets secondaires avec à la clé une incapacité totale de travail d’un mois et demi a attaqué le gérant en justice. Le fondement de la plainte ? Blessures volontaires et exercice illégal de la médecine. L’affaire est arrivée en mai devant la Cour de cassation. Celle-ci a confirmé que, selon l’arrêté du 13 avril 2007, seuls les médecins ont le droit de pratiquer cette technique si elle aboutit à une destruction, si limitée soit-elle, des téguments (en clair, la peau). Dans le cas contraire, les kinésithérapeutes y ont accès. Mais en aucun cas les esthéticiennes et autres « professionnels » à l’affût du bon filon. Professionnels de santé ou non, cela ne change rien au fait que les effets bénéfiques de la technique restent à prouver. Mais au moins peut-on espérer que médecins et kinés prennent les précautions nécessaires pour ne pas faire courir de risques à leurs patients. Le gouvernement a donc désormais les moyens juridiques de faire le ménage dans ce secteur où pullulent les abus en tout genre.

27 juillet 2022